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Corps miné, tu m’as trahi

Corps miné, tu m’as trahi. Alors que je pensais t’avoir déminé, tu m’as menti.

Corps miné, je commençais à voler et sournoisement tu m’as brisé les ailes. Tu t’es bien arrangé de me rappeler que tu étais prêt à tout pour m’empêcher de regagner ma liberté. Quitte à m’écarteler. À me priver de mes sens. À me paralyser. À me désarticuler.

Corps miné, rusé ou blessé, tu t’es joué de moi. Je me sentais en confiance et tu m’as poignardé. J’ai parfois l’impression de ne pas te connaître, tu m’es comme un étranger. Comme une seconde entité. Tu ne m’appartient pas. Tu décides des règles du jeu et je ne peux que m’y plier.

Corps miné, je pourrais te détester. C’est tellement plus facile à gérer. Mais, je sais… tu as peur. Tu as peur et moi aussi… Ensemble on a connu la guerre, ensemble on a vécu la terreur. Tu as survécu comme tu pouvais, mais tout de même, tu m’as déçue. Ai-je droit de t’en vouloir de m’avoir fait croire que je t’avais récupéré? Ou est-ce à toi de m’en vouloir de ne pas t’avoir écouté? Tu as fuis comme tu pouvais. Ça fait mal, je sais. Très mal. C’est insoutenable.

Corps miné, tu as préféré tout oublier. Tu as préféré tout effacer. Tout effacer ce qui te rendais vivant. Complice avec ma tête, tu as tout désactivé. Tout pour croire que même sans toi, je connaissais la normalité. À défaut de souffrir, tu as choisir la mort. La paralysie. La froideur. L’insensibilité. Au lieu de faire face à cette douleur insoutenable jadis…

Corps miné, je souffre, tu souffres, nous souffrons toujours et encore. En un moment de détresse, tu m’as lancé un cris d’alarme que je ne peux, maintenant, pas ignorer. Ça serait choisir la mort à petit feu. Souffrir en marchant sur un terrain miner. La peur dans les trippes à chaque instant, à chaque étreinte, à chaque contact, à chaque caresse que tout nous explose en pleine face. Alors que moi je veux vivre.

Corps miné, je veux vivre avec toi, en harmonie et dans la joie. Et être capable de sentir toutes les cellules de mon corps. Me sentir accompagné d’un allié, d’un ami au lieu d’un ennemi à mes côtés. J’aimerais pouvoir t’offrir en entier à la personne que j’aimerai. Et non m’offrir qu’à moitié. Je sais que tu as peur. Je suis déstabilisée. J’aperçois les obstacles qu’on aura à surmonter. La fuite sera à décliner à maintes et maintes reprises. Et la liberté sera à rechoisir à chaque larme, à chaque douleur, à chaque laideur… Mais promets-moi, promets-moi que cette fois nous serons enfin réunis. Promets-moi qu’après ça, on ne se trahira plus… Car je ne pense pas avoir la force de repasser à travers tout ça une troisième fois. Promets-moi, promettons-nous….

Mon tendre corps miné… Mon tendre corps apeuré, mon tendre corps paralysé, je te promets qu’à partir de ce soir, je m’assurerai de ne plus jamais t’abandonner…

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