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Comme un livre aux pages déchirées

Comme un livre aux pages déchirées,
Une partie de moi,
Souhaite retrouver,
Ces pages démantelées.
Afin de pouvoir,
Y lire ma vie en entier.

Puis,
L’autre partie de moi a peur.
Peur de ce qu’elle pourrait,
Y découvrir,
D’y lire.
Et si celles-ci ne feraient que m’attrister?
Et si celles-ci me faisaient perdre le contrôle de ma vie, que j’ai si bien orchestrée?

Ces pages déchirées,
Elles ne sont jamais totalement perdues.
Elles ne sont jamais brûlées
Ou totalement effacées.
Non.
Elles ont été mises de côté,
Cadenassées,
Camouflées,
Mises sous clef,
Afin de me protéger…
Me protéger lorsque j’étais trop jeune.
Trop jeune pour les assimiler…
Les comprendre…
Les accepter.

Du courage.
Oui, c’est ce que ça demande,
À toute personne de vouloir les relire
Et ensuite les accepter.
Cependant, sans ces pages, aussi difficiles et tristes qu’elles soient à lire, elles sont une partie de moi.
Une partie de moi,
Que je ne peux nier,
Sans comprendre totalement qui je suis.
Et qui veut vivre une vie à moitié perforée?

Après les avoir si bien camouflées,
Une d’entre elles m’est revenue,
Lors d’un jour d’hiver, bien ordinaire.
Mais son apparition,
Allait tout faire basculer.
J’ai donc dû prendre conscience,
Que ce n’étaient pas la seule page arrachée.
Mais, la première,
De plusieurs autres négligées…

J’ai recommencé à les lire…
C’est dur, ça fait mal…
Et plus je les lis, plus ça m’angoisse d’avancer,
Dans cette lecture,
Aux mots cachés.

Et si ça devenait insupportable?
Et si la peur me figeait,
Et m’empêchait de les terminer?
Sommes-nous pas bien dans notre ignorance?
En espérant que cette première s’est évadée
Par malchance
Et les autres resteront sagement
Où elles sont
Et n’oseraient jamais se montrer le bout du nez?

Non…
Je sais que c’est une utopie,
De croire que les autres resteront cloisonnées. Je me dois de persévérer…

Malgré cette angoisse,
Qui rage dans ma poitrine.
Celle-ci ne peut pas me tuer.
Bien sûr, elle peut me ralentir…
Ou bien même me déstabiliser.
Mais jamais,
Elle ne pourra,
À nouveau,
me faire oublier.

Je veux travailler,
Afin que je puisse,
Non seulement lire ces pages,
Mais, surtout,
Que j’accepte enfin,
De les recoller,
Dans mon livre morcelé.

Mon livre,
Mon histoire,
Ma vie.

Je veux être bien et heureuse,
Avec chaque mot,
Chaque syllabe et
Chaque lettre,
De mon histoire,
De ma vie qui m’a été un jour,
violée.

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